Micromaraîchage Quel salaire sur moins d’un hectare ?
Des choix stratégiques et techniques pertinents peuvent améliorer les résultats économiques du maraîchage sur très petite surface.
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Exigeant peu de foncier et peu d’investissements, le maraîchage sur petite surface attire de nombreux porteurs de projets. Pour étoffer les références technico-économiques sur ces structures, la station d’expérimentation SERAIL dans le Rhône, a comparé entre 2019 et 2021 deux systèmes conduits en bio : du maraîchage intensif sur petite surface (MIPS) sur 0,7 ha, et du maraîchage classique sur 3,4 ha.
Résultats expérimentaux
1 Smic par mois
« Sur les deux ans d’essai, le système classique dégage davantage de chiffre d’affaires et de résultat que le MIPS, moyennant davantage d’investissement et d’heures de travail, observe Grégory Chantre, chargé de l’essai à la SERAIL. Cependant, les systèmes de moins d’un hectare peuvent aussi être viables économiquement. Dans notre essai MIPS, sur la moyenne des deux années, un exploitant se serait rémunéré plus d’un Smic par mois avec 40 h de travail hebdomadaire, contre 60 h en système classique. Cela peut suffire à quelqu’un ayant des besoins modestes, sachant que les maraîchers sur petite surface disent souvent rechercher d’abord la qualité de vie et l’harmonie avec leurs convictions personnelles. »
Deux fois plus de travail par m²
Les systèmes de micromaraîchage sont nommés « intensifs » à juste titre, produisant plus et dégageant plus de chiffre d’affaires au m² que les systèmes classiques. « Globalement, on travaille deux fois plus par m² et on arrive à produire 1,5 fois plus par m² en système MIPS », calcule Grégory Chantre. Au bout du compte, il faut quand même davantage d’heures de travail par kilo de légumes (ce qui s’explique par la faible mécanisation). Pour compenser partiellement cet écart, ces maraîchers misent sur une meilleure valorisation : ils vendent en direct dans des circuits rémunérateurs (Amap, marchés, magasins bios…) et ont un taux de pertes quasi nul. D’autre part, beaucoup ont recours ponctuellement à de la main-d’œuvre non rémunérée, en organisant des chantiers collectifs ou en offrant le gîte et couvert à des woofeurs venus découvrir le métier.
Trois axes d’amélioration
Raisonner les investissements
« Pour l’essai, nous avions beaucoup investi dans des équipements et du matériel neuf : 167 000 € pour 0,7 ha, souligne Grégory Chantre. Dans la réalité, les maraîchers sur petites surfaces sont plutôt dans des logiques économes. Avec des achats d’occasion et de l’autoconstruction, leur investissement total dépasse rarement 50 000 €. » Un niveau d’investissement plus faible, en phase avec la réalité du terrain, aurait donc permis de compresser les charges. Toutefois, attention à ne pas raisonner qu’en termes d’économies. « Certains équipements (abris, irrigation…) permettent d’être plus performant. D’autre part, le temps passé en autoconstruction est du temps perdu pour la production… »
Densifier et cultiver sous abri
La faible mécanisation des systèmes MIPS, où le tracteur est remplacé par un motoculteur et des outils manuels, offre un avantage technique. L’absence de passages de roues permet de gagner de l’espace en réduisant l’écart entre les rangs, et donc d’intensifier la production. D’autre part, l'augmentation de la surface sous abri et l'ajout d'un tunnel mobile permettent davantage de rotations et sont une assurance contre les aléas climatiques.
Adapter la gamme
Avec moins d’un hectare, il est nécessaire de se concentrer sur les légumes valorisant le mieux la surface, tout en gardant une diversité suffisante pour être attractif. Gregory Chantre conseille de réduire la part des légumes nécessitant beaucoup d’équipements ou de mécanisation (pommes de terre, légumes d’hiver), d’augmenter les cultures sous abri, mais aussi de miser sur des produits particuliers. « Le mesclun est bien adapté aux cultures intensives, car c’est une plante dense au cycle très court, qui peut faire beaucoup de rotations dans l’année, illustre-t-il. Il est aussi bien valorisé et très demandé dans les villes, donc adapté aux systèmes périurbains. »
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